Retraite de Blücher sur Châlons
Le 14 février, le General-Leutenant von Diebitsch était dans les environs de Sézanne avec la cavalerie légère de la Garde russe. Le soir même, à 8h30, il rapportera à Barclay de Tolly que : « Les bruits de retraite de Napoléon sur Paris sont faux. J’ai vu moi-même de fortes colonnes françaises se porter de Montmirail sur Champaubert. Napoléon, après avoir rejeté Sacken de l’autre côté de la Marne, s’est retourné ce matin contre Blücher, avec la plus grande partie de ses forces. » C’est ainsi que la nouvelle des déboires de Blücher parvint le 15 février au quartier général allié.
La colonne de Blücher se regroupa au camp de Bergères vers minuit. C’est de cet endroit que l’avance contre le corps de Marmont avait débuté la veille. Tôt le matin du 15, les débris de cette armée poursuivront en direction de Châlons, où ils se regrouperont vers midi, retrouvant des magasins bien approvisionnés avec les fournitures nécessaires au rétablissement des troupes.
Sommaire des pertes pendant la « Campagne des 6 jours » :
Alliés | Français | |
Champaubert | 3000 | 400 |
Montmirail | 3500 | 2000 |
Château-Thierry | 3000 | 500 |
Vauchamps | 6000 | 500 |
Total | 15 500 | 3400 |
Plus encore, ils pourront se mettre en sécurité derrière la Marne et y attendre l’arrivée des autres corps de la Schlesische Armee. Sacken y parviendra le 16 février avec les 14775 survivants de Montmirail, suivi par Yorck le 17 février. Les jours suivants seront consacrés à la réorganisation de l’armée. En effet, un renfort de 2200 hommes en provenance des dépôts arrivera à Virty avec le colonel von Lodenthal, ce qui permettra de combler les importantes pertes des derniers jours. Les bataillons ayant le plus souffert furent complétés à 400 hommes. Ainsi le I. Preussischen Armee-Corps, dont l’effectif n’était plus que de 13 335 hommes sous les armes, le nombre de bataillons fut réduit de moitié. Quant au II. Preussischen Armee-Corps, la situation était encore plus critique, les éléments présents à Châlons comptaient 5605 hommes en incluant les 364 hommes du détachement du prince Biron. Les généraux von Röder et von Klüx rejoindront le 24 février avec la deuxième partie du II. Armee-Corps, soit la 9. Brigade et les restes de la cavalerie. A la Schlesische Armee, une organisation par division succéda à celle par brigade qui prévalait jusqu’alors. Les deux corps d’infanterie détachés du corps de Langeron sous les ordres de Udom et Kapzewitch sont réduits à 8156 hommes. Mais depuis Mayence où il effectue le blocus, Langeron a mis d’autres troupes en marche, les généraux Korff et Rudsewitch amenèrent 8000 hommes qui arriveront à Vitry le 18. Langeron lui-même rejoindra le 4 mars. De l’armée du nord, mais passant sous le commandement de Blücher, Winzingerode quittera Soissons le 15 février et prendra la direction de Reims, mais il ne sera effectivement avec l’armée qu’en mars.
C’est près de 16000 hommes et plusieurs dizaines de canons qui furent rayés de l’effectif de l’armée en quelques jours. Ainsi, après avoir perdu le tiers de son armée, tout comme après sa défaite de Ligny l’année suivante, Blücher a remis en quelques jours de l’ordre dans son armée : il était en mesure de reprendre les opérations offensives dès le 21 février avec 53000 hommes et 300 canons. Rarement une armée aussi sévèrement battue aura pu se relever aussi rapidement.
Situation de la Schlesische Armee - 18 février 1814
I. Preusischen Armee-Corps (Yorck) | 13 335 |
II. Preusischen Armee-Corps(Kleist) | 5605 |
Corps russe de Sacken | 14 775* |
Corps russe de Langeron (Kapzewitch et Udom) | 8156 |
Corps russe de Langeron (Koff et Rudsewitch) | 8000 |
Colonne Lodenthal | 2200 |
Total : | 52 071 |
Source : Shutz, p. 197 et suivantes.
*Incluant 1059 cossaques.