Approche et premiers combats

Sans doute avec beaucoup de mauvaise volonté, Marmont s’est mis en route de bonne heure. Il arrive devant le pont de Saint Prix au petit jour[1]. Les hauteurs de Talus Saint-Prix sont inoccupées. Comme le dit Ségur, « Il n’eût fallu là que deux bataillons et une batterie ennemie pour tout arrêter(…) »[2]. Ségur, Fain et Fabvier nous apprennent que Napoléon en personne supervise le franchissement des marais. « L’Empereur étant arrivé, on marcha en avant »[3]. Toutefois, il est peu probable qu’il y est assisté en personne. Dans une lettre au roi Joseph, datée de Sézanne, 10 février 1814, dix heures du matin, il fait écrire «(…) je monte à cheval pour me porter à Champaubert. » [4] En tête du 6e Corps, la cavalerie de Doumerc traverse le Petit Morin, prend à gauche en direction de Bannay et se bute aux avant-postes russes.

Photo 1 (en haut). Le pont enjambant le Petit Morin.
À gauche de la route, en arrière-plan, on aperçoit le bois des Converts.
C'est sur cette route que la division Ricard a rencontré les Jägers de Udom II.


Photo 2 (en bas). Talus Saint-Prix photographié depuis la route menant à Champaubert.
C'est la direction prise par la division Lagrange et la cavalerie de Doumerc.

Le bivouac du IXe Corps d’infanterie russe était concentré autour des villages de Champaubert et Baye. Bannay n’avait pas été occupé en force. C’est alors que le General-leutenant Olsufiev comprend son erreur et ordonne au commandant de la 9e division d’infanterie, le General-major Yevstafiy Yevstafievich Udom (dit Udom II) de saisir le pont de Saint Prix. Celui-ci se met en route avec quatre régiments de Jägers (les 10e, 38e, 12e et 22e) et 6 canons. Il n’atteindra pas le pont.

En effet, la division Lagrange a vite suivi la cavalerie de Doumerc. La brigade du général Pelleport se déploie sur le petit plateau à l’ouest de la route menant à Baye, juste au nord de Talus St-Prix. La brigade Joubert en appui. La division Ricard occupe la route menant à Champaubert par Baye. En raison de l’escarpement boisé sur la droite (Bois des Usages), Ricard ne dispose pas de beaucoup d’espace pour manœuvrer. Finalement, derrière cette division, probablement sur la route et en réserve, demeure le détachement de cavalerie du général Maurin.



Champ de bataille de Champaubert. Les troupes françaises débouchent du pont de Saint Prix et avancent vers
les villages de Baye et Bannay. Les Russes tenteront initialement, sans succès, de les repousser vers le pont.


Notes

[1] Rappelons qu’en février, le soleil se lève après 8h00 et se couche autour de 18h00.
[2] Ségur, p.66.
[3] Fabvier, Journal du 6e Corps. Fabvier et Fain sont probablement dans le tort au sujet de la présence de Napoléon au petit matin.
[4] Napoléon au roi Joseph, Sézanne, 10 février 1814, dix heures du matin.
Correspondance, № 21228. Mathieu fait arriver Napoléon vers midi avec Ney.