Rapport du Feldmarschall Blücher – 12 février 1814
Au Prince Schwarzenberg,
Par un rapport du général d’infanterie Yorck que je viens de recevoir, je suis mis en l’état d’informer Votre Excellence des mouvements de l’ennemi.
Hier, le 11, le corps de Sacken marcha de La Ferté-sous-Jouarre vers Montmirail. Le corps de Yorck de Château-Thierry dans la position de Viffort où se finit la chaussée de Montmirail et où est un chemin à Montmirail presque impraticable pour l’artillerie. Les généraux Sacken et Yorck rencontrèrent l’ennemi, qui avait occupé Montmirail, à 11 heures du matin. Le général Sacken qui avait un bon chemin résolut de l’attaquer sans délai, et on informa le général Yorck qui avança avec trois brigades pour son soulagement, mais n’était pas en état d’avoir plus que 4 pièces de canon vers Montmirail.
Vers 4 heures, l’ennemi avança avec beaucoup de forces vers l’aile droite du général Sacken de manière que celui-ci le refusa. La nuit commença sans qu’on ait perdu du terrain de la nouvelle position. Comme le général Yorck ne pouvait pas transporter son artillerie pour renouvellement [sic] du combat, le général Sacken, résolut de se réunir avec le général Yorck dans la position de Viffort, et le pont de Château-Thierry derrière lu, d’y attendre les mouvements ultérieurs de l’ennemi. Les avant-gardes sont restées sur le champ de bataille. L’artillerie du général Sacken fut transportée avec beaucoup d’effort jusqu’à Viffort où se trouvait le général Yorck que l’Empereur Napoléon, qui commandait en personne ne pouvait pas se hasarder d’attaquer lui et le général Sacken dans la position de Viffort sans courir le risque de perdre toute son artillerie.
On a aussi entendu un autre engagement aujourd’hui. Si l’ennemi devait avancer en vérité avec de supériorité, les deux généraux passeraient la Marne à Château-Thierry.
J’ai obtenu le rapport suivant d’un allemand qui avait quitté Montmirail ce matin à 7 heures. L’Empereur Napoléon arriva hier le 11 avec ses gardes à ce qu’on dit 30 mille hommes à Montmirail. Il donna [sic, dormir?] dans le Château de Montmirail et sortit alors pour faire l’attaque, fut attendu de retour, cependant ne revint pas, mais bivouaqua avec ses gardes, un signe que l’Empereur lui-même cru le combat indécidé[sic]. Toute la ville de Montmirail était remplie dans la nuit des blessés ennemis. Notre perte ne doit pas être considérable, mais il n’était pas encore connu comme le courrier est parti.
L’ennemi se trouve vis-à-vis de moi à Étoges sans que sa force me soit connue. Je regret rien plus, mais que la faiblesse de cavalerie m’abstenait hier et aujourd’hui de l’attaquer. Si je reçois la nouvelle que je n’ai rien à craindre de l’Épernay, je le ferai demain.
Quartier-général de Bergères, 12 février 1814, 8 ½ heures du soir